Théorème de Ceva
Contexte : Céviennes et Concourance

Le théorème de Ceva s’intéresse à la question de la concourance de trois droites particulières dans un triangle.

  • Une cévienne d’un triangle est un segment de droite qui relie un sommet du triangle à un point du côté opposé.
  • Les médianes, les hauteurs, les bissectrices sont des exemples de céviennes.
  • Le théorème de Ceva donne une condition nécessaire et suffisante pour que trois céviennes, issues de chacun des trois sommets, soient concourantes (c’est-à-dire qu’elles se coupent en un seul et même point).
Théorème de Ceva

Soit un triangle $ABC$. Soient $D$, $E$, et $F$ des points sur les côtés (ou leurs prolongements) $[BC]$, $[CA]$, et $[AB]$ respectivement, distincts des sommets.

Les céviennes $(AD)$, $(BE)$ et $(CF)$ sont concourantes (ou parallèles) si et seulement si : $$ \frac{AF}{FB} \cdot \frac{BD}{DC} \cdot \frac{CE}{EA} = 1 $$

Il s’agit d’un produit de rapports de longueurs orientées (ou algébriques), mais dans la plupart des cas où les points sont à l’intérieur des segments, on peut utiliser les longueurs géométriques.

Idée d’une Démonstration (par les aires)

Une des preuves les plus classiques utilise les rapports d’aires de triangles.

  1. Rapport de longueurs et rapport d’aires : On utilise la propriété que le rapport des aires de deux triangles de même hauteur est égal au rapport de leurs bases.
  2. On exprime le rapport $\frac{AF}{FB}$ en utilisant les aires des triangles $\triangle AFC$ et $\triangle BFC$, puis des triangles $\triangle APF$ et $\triangle BPF$ (où $P$ est le point de concours). $$ \frac{AF}{FB} = \frac{\text{Aire}(\triangle AFC)}{\text{Aire}(\triangle BFC)} = \frac{\text{Aire}(\triangle APF)}{\text{Aire}(\triangle BPF)} $$
  3. Par une propriété des fractions, ce rapport est aussi égal à : $$ \frac{AF}{FB} = \frac{\text{Aire}(\triangle AFC) – \text{Aire}(\triangle APF)}{\text{Aire}(\triangle BFC) – \text{Aire}(\triangle BPF)} = \frac{\text{Aire}(\triangle APC)}{\text{Aire}(\triangle BPC)} $$
  4. Permutation circulaire : On fait de même pour les deux autres rapports : $$ \frac{BD}{DC} = \frac{\text{Aire}(\triangle APB)}{\text{Aire}(\triangle APC)} \quad \text{et} \quad \frac{CE}{EA} = \frac{\text{Aire}(\triangle BPC)}{\text{Aire}(\triangle APB)} $$
  5. Conclusion : En multipliant les trois égalités, les aires s’annulent deux à deux : $$ \frac{AF}{FB} \cdot \frac{BD}{DC} \cdot \frac{CE}{EA} = \frac{\text{Aire}(\triangle APC)}{\text{Aire}(\triangle BPC)} \cdot \frac{\text{Aire}(\triangle APB)}{\text{Aire}(\triangle APC)} \cdot \frac{\text{Aire}(\triangle BPC)}{\text{Aire}(\triangle APB)} = 1 $$

Applications Fondamentales

  • Points remarquables du triangle : Ce théorème fournit une preuve unifiée et très élégante de la concourance des droites remarquables du triangle.
    • Médianes : Si $(AD)$, $(BE)$, $(CF)$ sont les médianes, alors $AF=FB$, $BD=DC$, $CE=EA$. Chaque rapport vaut 1, et leur produit est 1. Les médianes sont donc concourantes (au centre de gravité).
    • Bissectrices : Le théorème de la bissectrice nous donne les rapports. Leur produit vaut 1, prouvant la concourance (au centre du cercle inscrit).
    • Hauteurs : En utilisant des relations trigonométriques, on montre que le produit des rapports vaut également 1, prouvant la concourance (à l’orthocentre).